Les projets alimentaires
territoriaux de l'Aude

L’évolution de la dynamique agricole sur le territoire, au même titre qu’à l’échelle nationale, pose question : Le recul de la SAU, la forte diminution du nombre d’exploitations, le vieillissement des agriculteurs et agricultrices en activité, les crises économiques, questionnent la problématique de l’avenir de notre modèle agricole. Comment pérenniser/redynamiser une économie agricole, identitaire de notre territoire, et comment garantir le renouvellement générationnel ?

L’agriculture audoise, bien que riche d’une certaine diversité, reste marquée par une forte spécialisation (vigne, céréales) ne permettant pas de satisfaire l’ensemble des besoins nourriciers de la population. De plus, le changement climatique et la raréfaction des ressources, notamment l’eau, viennent impacter très fortement et très rapidement les cultures et les modes de production en place. Comment garantir le développement d’une agriculture nourricière locale capable de faire face aux défis du changement climatique ?

En amont de la chaîne alimentaire, on constate le faible taux d’outils de transformation, de distribution et de logistique sur notre territoire. Pour preuve, on pourrait citer la raréfaction des abattoirs, le manque d’outils de prétransformation/transformation/distribution pour les fruits et légumes, le faible taux d’entreprise logistique alimentaire. Ces outils manquants sur notre territoire pourraient permettre la valorisation/conservation et distribution de nos denrées locales au plus proches des consommateurs. Comment faire pour lever les freins logistiques de l’accès à l’alimentation ? Comment fédérer les acteurs locaux pour faciliter la création et l’utilisation de nouveaux outils commerciaux ?

L’absence de productions en quantité suffisantes et de filières structurées est un frein pour approvisionner les restaurations collectives en produits locaux. Tandis qu’en face, c’est l’ensemble du fonctionnement des restaurations collectives qu’il faut modifier pour pouvoir intégrer des produits locaux de qualité (prévoir davantage de temps de préparation des produits frais et non transformés, gestion des cahiers des charges, gestion des coûts des matières premières…), ce changement d’habitude est complexe à initier et ne fait pas augmenter la demande pour stimuler la production en face. Comment faire de la restauration collective un levier pour développer la production alimentaire locale ?

Hormis le volet purement agricole de notre territoire, l’accès à l’alimentation en produits bruts est un enjeu fort du territoire. Différents facteurs tels que le contexte inflationniste, le fort seuil de pauvreté, le caractère rural, le manque de réseau de points de vente ou l’absence de produits locaux dans l’aide alimentaire sont des freins à l’accès à une alimentation locale, saine et de qualité. Comment relever les défis sociaux-économiques pour garantir à toutes et tous l’accès à une alimentation saine et de qualité ?

En dernier constat, et pour boucler la chaîne, on remarque également que les consommateurs, et citoyens dans leur ensemble, ne sont pas tous au fait des enjeux alimentaires et environnementaux. La plupart des denrées sont encore achetées dans des grandes surfaces avec pour premier prisme le confort d’accès à tous types de produits, les questions alimentaires ne sont pas suffisamment abordées auprès du public (jeune et moins jeune), les élus ne sont pas systématiquement informés sur ces problématiques. Si l’offre alimentaire locale et de qualité doit se développer sur notre territoire, cela doit se faire par le biais d’une demande croissante des consommateurs, soucieux du lien entre leur assiette, leur santé et l’environnement qui les entoure. Comment impliquer les citoyens dans les divers enjeux mentionnés et comment sensibiliser, dès le plus jeune âge, les futurs citoyens de demain pour faire évoluer nos systèmes ?